C’est l’un des plus importants chantiers de la région : la nouvelle usine d’Orano Med, à Bessines-sur-Gartempe, au nord de Limoges (Haute-Vienne). 8 000 m² de bâtiments vont permettre de produire un médicament radioactif contre le cancer. Quel est le principe de cette thérapie ? Comment le médicament est-il produit ? On vous explique
C’est un chantier unique dans la région, en France et même dans le monde. Celui de l’usine ATEF (Advanced Thorium Extraction Facility), qui produira un système avancé d’extraction de Thorium. La clé de voûte pour la fabrication d’un nouveau médicament contre le cancer.
Bruno Pagnard dirige le projet depuis son démarrage il y a quinze ans. Tout a commencé à quelques centaines de mètres du chantier avec une petite équipe de recherche et développement : « Nous étions quatre ou cinq lorsque je suis arrivé, nous sommes une cinquantaine aujourd’hui, et nous envisageons encore de grandir dans les prochaines années. On n’imaginait pas un tel succès« , se réjouit Bruno Pagnard.
Alphathérapie
Ce premier laboratoire a permis de concevoir et de tester le futur processus industriel. Le Thorium arrive en barils, en provenance du sud de la France. Le but est d’en extraire un isotope, le plomb-212, un métal rare qui émet des rayons alpha. Il entre dans le corps avec un guide et détruit les cellules cancéreuses. C’est l’alphathérapie ciblée.
Pour la directrice de la stratégie d’Orano Med Sophie Letournel, ces rayonnements ont de nombreux avantages : « Dans les cellules cancéreuses, ils vont provoquer des ruptures de l’ADN, qui ne pourra pas se reformer. Dans ces cas-là, cela provoque la mort de ces cellules cancéreuses. L’autre intérêt de ces rayonnements alpha, c’est qu’ils sont à très courte portée. Donc, lorsque ce plomb-212 est sur une cellule cancéreuse, il va détruire cette cellule, mais ne viendra pas endommager les autres cellules proches qui elles, sont saines« .
L’usine de Bessines produira, en réalité, un produit intermédiaire, le Thorium 228, qui se conserve plus longtemps que le plomb-212, seulement efficace pendant dix heures.
La transformation finale aura lieu dans deux autres laboratoires à Indianapolis (États-Unis) et Valenciennes, dans le nord de la France.
C’est de là que partiront les médicaments vers les patients : « L’avantage de Valenciennes par exemple, c’est que vous avez 150 millions d’Européens qui habitent à moins de cinq heures de route« , indique Sophie Letournel. « Des envois en avion pourront compléter, puisqu’à proximité il y a les aéroports de Bruxelles et de Paris-Charles-de-Gaulle, qui permettent de desservir une grande partie de l’Europe« .
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Source : France 3 Régions