Soutenu par l’État dans le cadre de France Relance, le laboratoire pharmaceutique d’Evreux se prépare à produire 10 t d’un excipient fabriqué en Chine à base d’algues normandes.

L’heure est à la transition économique, à la relocalisation des productions sur le territoire national.

« Nous avons tous cru à la vaste usine du monde. On en revient, il faut être beaucoup plus autonome. Il faut que la France soit moins dépendante des fabricants mondiaux, dont la Chine ».

En visite à Évreux chez Holopharm, où l’État va soutenir la construction d’une unité de production d’un excipient destiné à l’industrie pharmaceutique, Jérôme Filippini, préfet de l’Eure, résumait l’esprit du plan, décidé par le gouvernement, dans le but de relancer l’économie française à la suite de la crise économique liée à la pandémie de Covid-19.

Le retour d’une production normande

Produit à partir d’algues cultivées et récoltées sur les côtes normandes et bretonnes, l’excipient qu’Holopharm souhaite relocaliser à Évreux a été fabriqué en Normandie pendant plusieurs décennies. « Cargill a abandonné sa production, il y a une quinzaine d’années », précise Pierre-Marie Mondin. Depuis, les algues françaises sont achetées par les Chinois, expédiées vers l’Empire du milieu où elles sont transformées avant d’être exportées sous forme de billes vers l’Europe

Utilisé comme épaississants, gélifiants, de produits industriels les plus variés depuis les gelées alimentaires, les produits de beauté, jusqu’aux peintures et aux encres d’imprimerie, cet alginate sert également en pharmacie pour encapsuler des médicaments. « Il joue un rôle important pour que les substances actives restent stables et soient disponibles à temps. C’est ce qu’on appelle la biodisponibilité » poursuit le directeur général d’Holopharm.

10 tonnes par an

Soucieux de diversifier leurs activités « pour faire tourner la boutique » et financer leurs travaux de recherche, les fondateurs d’Holopharm ont saisi la balle au bond. Frappé par la pandémie et l’arrêt des productions en Chine, l’excipient était en rupture de stock, le laboratoire d’Évreux s’est engagé à en produire 10 tonnes pour un client qui fabrique de la Biafine.PUBLICITÉ

Soutenu à hauteur de 50 % par l’État dans le cadre du plan France Relance, Holopharm doit lancer la construction de son unité de production en janvier 2022. Un investissement de 1,20 M€ pour construire deux ateliers de production et acheter l’équipement nécessaire à la fabrication. Pour la recette, « nous avons l’expertise de Cargill et le savoir-faire des anciens de l’entreprise. Ils nous ont donné quelques ficelles et puis on travaille dessus depuis longtemps, on sait où sont les difficultés ».

De Val-de-Reuil à Évreux

La relocalisation de cette activité vise ainsi une démarche de territorialité, en créant des circuits courts pour le domaine pharmaceutique, et vise également à favoriser des emplois pour les prochaines années. Deux embauches directes émaneront en effet du plan de France Relance, dès le début de l’activité (fin avril 2022), et devraient évoluer vers des emplois supplémentaires à l’avenir.

Source : Actu.fr