Le cabinet de consultants Frost & Sullivan a estimé à 234,5 milliards de dollars la valeur du marché mondial de la santé numérique d’ici 2023, soit une hausse de près de 160% par rapport à 2019, dans un rapport prospectif sur le secteur présenté début octobre.

Ces estimations, réalisées dans le cadre du rapport Global Health Outlook 2020 du cabinet américain, ont été présentées par Dorman Followwill, associé de Frost & Sullivan.

La nécessité de fournir des prestations médicales de meilleure qualité à un prix « abordable et soutenable », dans un contexte de vieillissement de la population et de croissance exponentielle des maladies chroniques, ainsi que le développement massif de l’informatique de santé et des technologies d’analyse de données et d’intelligence artificielle (IA) explique ces prévisions, a-t-il expliqué.

Elles sont également soutenues par des évolutions réglementaires, comme la prise en charge d’actes réalisés à distance, et par des modèles de value-based care [modèles de documentation de la valeur créée par le soin pour justifier une rémunération de l’offreur des produits de santé, NDLR].

Dans le détail, Frost & Sullivan prévoit une hausse du marché des infrastructures d’analyse de données massives (big data) en santé, de 16 milliards de dollars en 2018 à 39 milliards en 2023, soit un taux de croissance annuelle moyen de 19% sur la période.

Les volumes de données créés annuellement dans le secteur médical devraient croître de 4,4 zettabits (Zb) en 2015 à 44 Zb en 2020 (1 zettabit équivaut à 1.000 milliards de gigabits).

Cette hausse est notamment portée par le développement du suivi médical à distance et des objets connectés de santé, qui devraient représenter 3,6 milliards de dollars sur le marché nord-américain en 2020.

Plus globalement, le développement du secteur de la télémédecine, qui a vu sa croissance annuelle décoller ces dernières années (+22,8% en 2016 et +35,5% en 2019), devrait se poursuivre mais enregistrer des taux de croissance plus faibles à partir de 2020.

De la même façon, la hausse des dépenses pour des outils de santé faisant appel à l’IA devrait ralentir de 50% en 2020 pour « se concentrer sur des applications en vie réelle », a prévu Frost & Sullivan. Ce marché devrait toutefois continuer à « croître rapidement » pour atteindre 6,16 milliards de dollars d’ici 2022 (contre 1,73 milliard en 2019).

« Les outils cognitifs d’aide à la décision médicale seront priorisés pour faire face aux différents défis rencontrés par les patients, les payeurs, les fournisseurs de soins et l’industrie pharmaceutique », a noté Dorman Followwill.

Les thérapies digitales, ou digital therapeutics, c’est-à-dire les outils numériques délivrés sur ordonnance, vont également connaître d’importantes opportunités de croissance, avec un marché qui pourrait représenter jusqu’à 4,42 milliards de dollars en 2023 outre-Atlantique (contre 889 millions en 2017), et un taux de croissance annuelle moyen de 31%.

Du fait de cette digitalisation grandissante, le secteur médical va connaître des besoins croissants en matière de compétences et d’outils pour assurer la cybersécurité des prestations. Le marché des services de sécurité informatique dans la santé est évalué à 1,79 milliard de dollars en 2018 aux Etats-Unis et devrait atteindre 2,88 milliards en 2023, avec un taux de croissance annuelle de 10%.

Frost & Sullivan a aussi souligné le « fort potentiel de croissance » des femtechs, c’est-à-dire des technologies numériques consacrées à la santé des femmes, avec un marché estimé à 50 milliards de dollars d’ici 2025.

Les Etats-Unis en tête des investissements dans IA

Le cabinet américain a estimé que les technologies d’intelligence artificielle arriveront à maturité dans le secteur de la santé d’ici 2030.

Ces cinq dernières années, les investissements mondiaux des industriels dans l’IA ont principalement été fléchés vers l’imagerie et le diagnostic (20,70% du total), la découverte de candidats médicaments (18,60%) et de nouveaux mécanismes d’action (10,30%), la collecte et l’analyse de données de vie réelle (18,10%) et la génétique (10,80%).

Les Etats-Unis ont représenté près des trois quarts de ces investissements (73,3%), suivis par la Chine (14,8%), le Royaume-Uni (3,8%) et Israël (2,5%).

Pour Frost & Sullivan, le numérique va s’installer durablement comme « une nouvelle arme » pour doper la croissance de l’industrie, estimant que les trois à cinq prochaines années vont s’avérer « cruciales » pour adopter ce virage technologique.

Dans ce contexte, les acquisitions dans le domaine des technologies et la signature de partenariats avec des spécialistes de l’informatique vont constituer autant d’avantages compétitifs pour les entreprises, a relevé le cabinet.

Source : tic pharma