Le groupe pharmaceutique a publié des résultats trimestriels plutôt satisfaisants. Mais il faut regarder au delà de 2017 pour trouver des raisons d’investir.

Les résultats trimestriels du groupe français, dont le titre gagne 1,35% à la mi-journée, ont été bien accueillis par les investisseurs.

Le géant de l’industrie pharmaceutique a dévoilé un chiffre d’affaire de 8,6 milliards d’euros, en hausse de 11%. Ce n’est cependant pas ce chiffre, peu significatif en raison d’importants changements de périmètre (lire plus bas) que les investisseurs ont retenu mais la croissance à périmètre et changes comparables, plus modeste à 3,5%, mais supérieure aux prévisions des analystes financiers.

Les moteurs de la croissance n’ont pas défailli. La division vaccin a enregistré une solide croissance (+13%), de même que la filiale Genzyme dédiée aux maladies rares (+8%). La croissance est particulièrement forte (+32%) pour les deux produits dédiés à la sclérose en plaques, une indication thérapeutique où Sanofi est parvenu à se faire une place.

Le groupe français profite enfin de sa position de laboratoire pharmaceutique leader sur les marchés émergents pour y capter la dynamique économique (+8,5%).

Difficultés dans le diabète

Sanofi continue en revanche de souffrir dans ses activités liées au diabète. Les ventes d’insulines reculent de 6%, plombées par le marché américain où le déclin atteint 15%. Dans ce pays, l’arrivée prochaine de génériques biologiques – ou biosimilaires – de l’insuline basale vedette de Sanofi, Lantus, oblige le groupe français à concéder des ristournes aux assureurs privés… quand ces derniers n’ont tout simplement pas retiré le produit de leurs «formulaires».

Toujéo le successeur de Lantus, ne démérite pas : ses ventes sont en croissance de 79% sur la période à 192 millions d’euros. Mais il ne peut à lui seul éponger toutes les pertes de Lantus.

La purge n’est pas forcément terminée. Malgré ce bon premier trimestre, les dirigeants n’ont pas modifié leur prévision pour 2017 et attendent toujours une évolution du bénéfice par action comprise entre 0 et -3%. L’actionnaire doit donc regarder au delà pour trouver des raisons de croire au dossier et miser sur le renouvellement du portefeuille.

Des raisons d’espérer

Dupixent (dupilumab) vient d’être commercialisé aux Etats-Unis. Cet anticorps monoclonal destiné au traitement de la dermatite atopique a été approuvé en un temps particulièrement rapide, sur la base de résultats cliniques très convaincants. Il devrait rapidement convaincre médecins et patients aux Etats-Unis. En outre, d’autres résultats cliniques finaux sont attendus avec ce même produit mais cette fois dans l’asthme sévère. Il élargirait encore le potentiel commercial de Dupixent, déjà estimé à plusieurs milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel.

Kevzara (sarilumab) attend le feu vert des autorités américaines pour son lancement aux Etats-Unis. Il devrait intervenir le 22 mai prochain. Cet anticorps, issu comme Dupixent de la recherche de la biotech américaine Regeneron, cible la polyarthrite rhumatoïde, avec un mécanisme d’action originale. Ce marché est très concurrentiel : Kevzara devra se faire une place entre Humira, Actemra ou encore Enbrel. Mais le marché est immense. Une part de marché, même modeste, suffirait à faire de ce produit un succès commercial majeur.

Les résultats cliniques de long terme publiés en début d’année par le groupe américain Amgen pour son anti-cholestérol Repatha (étude FOURIER) n’ont pas soulevé l’enthousiasme des investisseurs. Son concurrent direct est le Praluent de Sanofi-Regeneron, qui publiera ses données cliniques de long terme (étude ODYSSEY), début 2018. Sanofi a choisi une population moins large et plus gravement atteinte que Amgen. Une stratégie qui permettra peut-être au français de démontrer l’utilité de son produit et de se différencier de la concurrence.

Nous restons positifs sur le dossier.

Les derniers changements de périmètre.

  • En mars 2016 Sanofi a mis fin, à l’amiable, aux activités de Sanofi Pasteur MSD, une co-entreprise dédiée à la commercialisation de vaccins en Europe qu’elle co-gérait et co-détenait avec le groupe américain Merck&Co. Les vaccins détenus par Sanofi sont désormais commercialisés par Sanofi Pasteur.
  • – En juin dernier, Sanofi a cédé au groupe allemand Boehringer Ingelheim sa filiale santé animale, Merial, en échange de l’activité santé grand public (médicaments sans prescription) de son concurrent allemand.

Source : Le Revenu