C’est en souhaitant valoriser cinq années de recherches académiques, menées au sein de laboratoires de l’Université Lyon 1 et du Centre de Recherche en Cancérologie de Lyon que le projet lyonnais Kairos Discovery souhaite répondre aux enjeux de traitement de certains cancers, en particulier du pancréas et du cerveau. A travers une thérapie ciblée utilisant de petites molécules thérapeutiques, la startup, qui doit être incorporée d’ici quelques jours, prévoit d’ores et déjà une levée de fonds de 500.000 à 600.000 euros pour développer son premier candidat médicament.

Chimiste de formation, Alexandre Bancet a développé pendant sa thèse de petites molécules anticancéreuses dont il a pu démontrer l’efficacité et la sécurité. Il vient d’obtenir simultanément les prix i-Lab et i-PhD, initiés par le ministère de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation et opérés par BpiFrance et qui visent à encourager la création et le développement d’entreprises et startups Deeptech françaises.

« Actuellement, la plupart des médicaments anticancéreux deviennent inefficaces avec le temps, du fait du développement de mécanismes de chimiorésistance« , explique-t-il.

Pour contourner ces limites, Kairos Discovery développe une nouvelle famille de molécules chimiques brevetée, efficace pour bloquer spécifiquement l’activité de la protéine humaine CK2. Cette protéine est au centre de nombreux processus qui favorisent la survie et la progression de tumeurs solides et de cancers hématologiques.

Grâce à un nouveau mécanisme d’action dirigé contre cette protéine CK2, cette approche (« first-in-class ») assure un triptyque unique en cancérologie : « nos molécules entraînent une destruction rapide des cellules tumorales, réduisent le risque d’effets indésirables et ne s’exposent pas aux phénomènes de résistances. À ce stade du projet, la preuve de concept pour notre approche a été réalisée chez la souris (in vivo) ».

Une innovation qui s’inscrit dans la catégorie des thérapies ciblées, ces traitements qui visent des anomalies au sein des tumeurs, à la différence des chimiothérapies conventionnelles qui impactent tout autant les cellules saines et les cellules tumorales, sources d’effets indésirables chez les patients.

Une piste qui reste à démontrer

Mais ce nouvel axe thérapeutique méritait encore d’être démontré : 

« le blocage de cette protéine est reconnu par la communauté scientifique comme une stratégie prometteuse en cancérologie, mais à ce jour, aucun traitement n’a été approuvé. Seuls deux candidats-médicaments font actuellement l’objet d’essais cliniques, cependant leur mode de fonctionnement présente des limites qui entraînent une efficacité variable chez les patients et la survenue de résistances« 

reconnaît Alexandre Bancet.

« Chez la souris, il y a bien une inhibition de la croissance tumorale« , confirme le chercheur, qui se base à la fois sur ses propres recherches, ainsi que sur cinq années de recherches académiques, menées au sein de laboratoires de l’Université Lyon 1 et du Centre de Recherche en Cancérologie de Lyon (CRCL, UMR INSERM 1052 – CNRS 5286 – Université Lyon – Centre Léon Bérard) puis incubées au sein de la SATT Pulsalys.

Son premier candidat-médicament cible ainsi des applications potentielles dans le traitement des cancers du pancréas et du glioblastome multiforme (cancer du cerveau). « Nous voulons développer le plus rapidement possible une solution qui soit à la fois efficace pour tuer la cellule cancéreuse, préserver l’intégrité des cellules saines et éviter la résistance aux traitements« , développe-t-il.

Une levée de fonds d’ici octobre

Kairos discovery a bénéficié d’un accompagnement financier et d’un soutien de la part de la SATT Pulsalys, ce qui lui a permis de démontrer la preuve de concept. « Le projet est très jeune, mais nous avons déjà des données solides à présenter auprès d’investisseurs« , souligne-t-il.

Alexandre Bancet, qui s’est d’ores et déjà positionné en tant que futur CEO de la société, est en train de créer Kairos Discovery, qui devrait être officiellement lancée en octobre.

« J’ai déjà commencé à pitcher auprès de potentiels investisseurs« , indique-t-il. « L’idée est de boucler une levée de fonds de 500.000 à 600.000 euros en même temps que la création de l’entreprise, soit grâce à des fonds French tech seed, soit via un prêt auprès de la BPI. Nous recherchons 300.000 à 400.000 euros auprès de business angels« .

L’objectif ? Développer un premier candidat-médicament pour des cancers présentant des besoins médicaux non satisfaits et résistants aux thérapies actuelles, dont le cancer du pancréas et le glioblastome multiforme (GBM), la tumeur cérébrale la plus courante mais aussi la plus agressive. « Les besoins médicaux pour ces deux indications cliniques sont très forts et le marché cible estimé à plus de 6 milliards de dollars d’ici 2025 (4,6 milliards de dollars pour les cancers du pancréas et 1,8 milliards de dollars pour les GBM)« , complète Alexandre Bancet.

« Nous allons devoir recruter un(e) ingénieur(e) chimiste, un(e) technicien(ne) biologiste et un(e) doctorant(e)« , détaille Alexandre Bancet. Kairos Discovery sera hébergé au sein du centre Léon Bérard à Lyon.

Source : La Tribune