Mercredi 7 avril sera donné le coup d’envoi de la production du vaccin Pfizer-BioNTech sur les lignes du laboratoire Delpharm, à Saint-Rémy-sur-Avre, en Eure-et-Loir. C’est le premier site français à conditionner un vaccin pour lutter contre le Covid-19. Un lancement entouré d’énormes précautions sécuritaires et noyé dans un silence absolu en termes de communication. La première annonce a été faite par la ministre de l’Industrie, Agnès Pannier-Runacher.

Le chiffre 7 est retenu par le groupe Delpharm pour ouvrir la campagne de production, en France, du vaccin à base d’ARN messager créé par l’Américain Pfizer et l’Allemand BioNTech. Le site eurélien de Saint-Rémy-sur-Avre est le premier laboratoire à lancer le conditionnement, ce mercredi 7 avril 2021, de ce vaccin attendu par toute l’Europe.

Autour de ce lancement et des conditions de production règne le plus grand secret. Ni le groupe Pfizer, ni le sous-traitant Delpharm n’ont souhaité s’exprimer sur le sujet, suivi de très près par le président de la République et le gouvernement au moment où le vaccin AstraZeneca souffre d’un déficit d’image chez une certaine partie de la population. Pour preuve, des centaines de doses étaient boudées, ce week-end, dans le Nord-Pas-de-Calais.

La deuxième vague de vaccination

De son côté, le vaccin Pfizer-BioNTech continue d’avoir une bonne image auprès des patients et la demande est très forte. En décrochant ce contrat de sous-traitance, en novembre 2020, les dirigeants de Delpharm avaient immédiatement annoncé plus de 18 millions d’euros d’investissement sur leur site de Saint-Rémy-sur-Avre, à une dizaine de kilomètres à l’ouest de Dreux, pour mettre en place des lignes de production, embaucher le personnel nécessaire et être au rendez-vous de ce que le gouvernement appelle la deuxième vague de vaccination avec des produits made in France.

Face à la troisième vague de la pandémie et le troisième confinement, Delpharm table sur une forte cadence de conditionnement du vaccin Pfizer-BioNTech à Saint-Rémy-sur-Avre pour accompagner la demande des professionnels de santé et des vaccinodromes en cours de déploiement en France. Les vaccins sortis du site eurélien sont également attendus dans les pays européens.

La substance active produite en Allemagne

L’usine rémoise a, déjà, reçu depuis plusieurs jours les flacons, les bouchons, les capsules et attendait l’arrivée de la substance active du vaccin, produite en Allemagne, pour démarrer le remplissage des doses. La destination finale des vaccins demeure secrète. Les chargements rejoindront des grandes plateformes avant d’être distribués dans toute l’Europe, selon un plan élaboré par la Commission européenne, à Bruxelles.

Le secret, qui entoure ce lancement, est nécessaire, car la question de la sécurité est au centre des préoccupations des autorités. En clair, hors de question de revivre le vol de certains chargements des masques, l’an dernier, en pleine crise sanitaire.

Les acteurs du cluster eurélien Polepharma, et en particulier la filière logistique du secteur, attendaient, il y a quelques semaines, des signaux du gouvernement et des industriels pour avoir une part de ce marché, y compris les transporteurs. Face à la crise économique profonde, ils avaient l’impression d’être oubliés dans ce dossier. Aucune information n’a été donnée, à ce sujet, pour l’instant. Outre les investissements matériels, le site rémois, qui emploie 240 salariés, avait programmé l’embauche d’une soixantaine de nouveaux salariés avec Pôle Emploi et la Mission locale.

De leurs côtés, et dès l’annonce du choix de l’Agglo du Pays de Dreux par le laboratoire pharmaceutique, le maire de Saint-Rémy-sur-Avre, Patrick Riehl, le président de l’Agglomération, Gérard Sourisseau, et son vice-président chargé du développement économique, Pierre-Frédéric Billet, avaient exprimé leur satisfaction de voir leur territoire bénéficier d’une telle attention. Pour les élus du Drouais, le conditionnement du vaccin Pfizer-BioNTech sur leur territoire est synonyme autant de créations d’emplois durables que de notoriété positive.

Pour le gouvernement, les dizaines de millions de doses de vaccins qui vont sortir du site rémois s’inscrivent dans une stratégie plus globale dans laquelle la France espère atteindre 250 millions de doses disponibles d’ici la fin de l’année 2021.

La souveraineté sanitaire est devenue, comme la relocalisation industrielle, une des thématiques centrales dans l’agenda économique du gouvernement. La crise des masques est passée par là et l’espoir de stopper le Covid-19 tient, selon l’État, à une vaccination massive seule capable d’oublier ces périodes de confinement à chaque montée de la courbe du nombre de malades dans les services de réanimation en France.

De son côté, Delpharm, à Saint-Rémy-sur-Avre, pourra dire qu’il a été la première brique d’un mur qui pourrait aider une industrie pharmaceutique en souffrance.

Source : L’Echo Républicain