Berkem, entreprise française focalisée sur les spécialités chimiques et la chimie du végétal, entre en Bourse. Son fondateur, qui conservera près de 70% du capital, espère lever environ 40 millions d’euros, une manne destinée principalement à alléger sa dette mais aussi à soutenir sa croissance externe et organique.

Fondé en 1993 via l’acquisition de l’usine implantée à Gardonne (Dordogne), le chimiste Berkem a axé sa stratégie sur la chimie du végétal pour son développement.

Berkem cherche ses prochains financements en Bourse. Fondée en 1993 et toujours détenue par son PDG Olivier Fahy, l’entreprise de Blanquefort (Gironde) entend lever environ 40 millions d’euros d’ici au 3 décembre, date limite de l’offre lancée le 22 novembre. Au terme de l’opération, ce spécialiste de la chimie de spécialités et de la chimie du végétal (165 salariés, 40,6 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2020) envisage une capitalisation boursière comprise entre 143,9 millions d’euros et 177,4 millions d’euros. Berkem, qui a déjà reçu des engagements de souscription de l’ordre de 24 millions d’euros (dont la moitié par Danske Bank), va toutefois garder une très grande capacité de contrôle après l’opération, puisque Olivier Fahy devrait conserver entre 68% et 75% du capital.

Alléger la dette et soutenir la croissance

Cette ouverture du capital vise trois objectifs. En premier lieu, celui d’améliorer la structure financière de Berkem, notamment pour solder une partie de la dette, ce qui devrait réclamer environ la moitié des fonds levés. L’autre moitié sera répartie équitablement entre le soutien de la croissance externe et celui de la croissance organique. Sur ces deux volets, l’entreprise – spécialiste de l’extraction végétale, de la formulation de spécialités pour le traitement du bois et des résines alkydes – souhaite se renforcer à l’international, l’export comptant aujourd’hui pour 28,5% de ses ventes. Cette expansion sera axée sur le développement des marchés à l’export et pourquoi pas sur une expansion industrielle.

Une usine à l’international

Selon Olivier Fahy, s’il était question « de se renforcer en Belgique, en Pologne ou en Allemagne, nous n’aurons peut-être pas besoin d’un site industriel. En revanche, pour approcher d’autres marchés, comme les Etats-Unis, nos clients, un peu comme les constructeurs automobiles vis-à-vis de leurs équipementiers, nous demanderont peut-être de produire à proximité directe« . Cela étant, le dirigeant exclut d’implanter à l’international « l’extraction végétale, que nous souhaitons garder en France. C’est notre savoir-faire, nous n’entendons pas qu’il sorte ailleurs« . Pour une éventuelle implantation à l’international, Berkem privilégiera la croissance organique, sauf si une opportunité d’acquisition se présente.

Trois usines en France

Actuellement, Berkem dispose de trois sites industriels en France. A Gardonne (Dordogne), le site historique, initialement mis en service en 1964 et acquis en 1993 avec la création de Berkem, est spécialisé dans l’extraction d’ingrédients actifs naturels et les solutions pour la préservation du bois. A Chartres (Eure-et-Loir), l’usine est focalisée sur les techniques de lyophilisation, tandis que celle de la Teste-de-Buch (Gironde) se concentre sur les résines alkydes. Positionné à la fois dans la production à façon et ses propres gammes, l’entreprise adresse cinq principaux marchés que sont la cosmétique, l’hygiène publique, l’agro-alimentaire, les peintures et vernis, et la construction.

Solutions suractivées par les bioressources

S’appuyant dès l’origine sur des ressources végétales, en particulier le pin des Landes et le raisin, Berkem a définitivement pris le virage de la chimie du végétal en 2019. Olivier Fahy indique qu’aujourd’hui « plus de 45% de nos productions, en valeur, relèvent de la chimie du végétal« . Une proportion appelée à augmenter, sachant que « presque 100% de nos produits peuvent être biosourcés« , assure Anthony Labrugnas, le directeur financier.

La stratégie de Berkem repose sur trois piliers : les ingrédients actifs naturels, pour l’alimentation (arômes notamment) et la cosmétique, les formulations de plus en plus biosourcées pour les produits de préservation du bois, les peintures et les produits de désinfection, et sur les solutions dites suractivées. Il s’agit de molécules biosourcées qui sont intégrées dans la formulation de produits en réduisant la quantité nécessaire de molécules de synthèse chimique d’origine pétrolière. Il s’agit d’un « pont entre cette chimie du végétal et les produits de synthèse. Ce n’est pas un schéma de remplacement, mais d’accompagnement de l’intégration du biosourcé dans les chaînes traditionnelles de la chimie conventionnelle« , décrit Olivier Fahy.

La très forte croissance du biosourcé

Ce positionnement stratégique est notamment motivé par le formidable potentiel du marché mondial des produits chimiques biosourcés. Lesquels représentaient, en valeur, 10% en 2018 et devraient atteindre 12% d’ici à 2022. Le marché devrait croître de près de 15% par an jusqu’en 2028, avec une valeur qui passerait de 9 milliards de dollars (8 milliards d’euros) en 2019 à 32 milliards (plus de 28 milliards d’euros), selon Berkem. Le chimiste nourrit ainsi de fortes ambitions, visant un chiffre d’affaires de 65 millions d’euros dès 2024 en ne misant que sur sa croissance organique, voire au-dessus de 85 millions d’euros, soit plus du double des ventes actuelles, en développant la croissance externe.

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