Les grands laboratoires continuent leurs acquisitions de sociétés de biotechnologies pour compléter et renforcer leurs portefeuilles. Le secteur s’attend à plus d’acquisitions et d’accords en 2020, même si les deals pourraient être plus petits, et sans doute freinés par la campagne électorale aux Etats-Unis, selon plusieurs voix présentes aux conventions d’affaires pharma à San Francisco. En parallèle, l’arrivée de produits innovants sur le marché devrait encore s’accroître.

En 2019, Sanofi a lancé une offre de 2,5 milliards de dollars pour s’emparer de la biotech californienne Synthorx. Un montant conséquent mais bien faible comparé aux 74 milliards de dollars engagés par l’Américain Bristol-Myers Squibb pour prendre le contrôle de son compatriote Celgene, mastodonte biopharmaceutique. Cette opération phare aura marqué 2019, une année encore jalonnée de grandes acquisitions dans la pharma. 2020 devrait connaître moins de très grandes opérations, selon la société JP Morgan qui organise sa convention d’affaires éponyme à San Francisco.

Opérations plus ciblées

Pour autant, si les transactions devraient être plus modérées cette année en valeur, le nombre d’opérations devrait augmenter. Et être plus ciblées. Chris Schott, analyste senior chez JP Morgan, estime que les grands laboratoires « devraient privilégier des transactions de petites et moyennes tailles », plus promptes à compléter efficacement leurs portefeuilles. Notamment dans des secteurs très pointus comme les thérapies cellulaires ou les thérapies géniques où bouillonne l’innovation. En 2018, la FDA, l’autorité de santé américaine, avait approuvé 71 nouveaux médicaments, un record. Avant la fin de l’année 2019, JP Morgan avait relevé un minimum de 58 approbations, notamment pour des traitements très innovants en oncologie et dans les maladies rares.

« Il y aura d’autres grands deals en 2020, car il existe plein d’opportunités, les avancées scientifiques accélèrent », commente Debi Watson, vice-présidente business development de Janssen. Rappelant au passage que le laboratoire a « essentiellement construit son portefeuille oncologique à travers des partenariats et des acquisitions », et soulignant qu’avec le vivier de sociétés de biotechnologies la « meilleure science est à nos portes ».

Investissements de deuxième ligne

Les grands laboratoires viennent le plus souvent en deuxième ligne pour investir dans les sociétés de biotechnologies. Celles-ci sont le plus souvent soutenues par des investisseurs publics et privés dans les phases d’amorçage et les premières étapes de développement. La big pharma a plutôt tendance à attendre les premiers résultats positifs de développement avant de sortir le chéquier pour s’emparer des programmes les plus prometteurs. « Les risques d’échec sont très élevés, mais les succès peuvent être gigantesques. Nous rationalisons au maximum nos acquisitions », explique Friedmann Janus, directeur du business development de Bayer.

Incertitude de l’élection américaine

L’exercice 2020 pourra toutefois être un peu particulier en raison de l’élection présidentielle à venir aux Etats-Unis. Le premier marché mondial de la pharmacie se confronte à l’incertitude liée au résultat de cette élection. L’éventuel succès du futur candidat démocrate, pas encore choisi, face à Donald Trump, pourrait rebattre les cartes du système de santé, et avoir des conséquences sur les prix des médicaments et les modalités de la couverture sociale. « Il y aura évidemment un hiatus avec cette élection » entrevoit Philippe Lopes-Fernandes. Le directeur business developpement du laboratoire allemand Merck s’attend à « une pause probable cet été, avant de connaître les résultats », tout en restant persuadé qu’il y a aura « plus de deals ».

Source : Usine Nouvelle