Alors que la société marseillaise Innate Pharma (185 salariés, dont 155 à Marseille) vient de nommer Jonathan Dickinson président du directoire en remplacement d’Hervé Brailly, co-fondateur de l’entreprise en 1999, l’entreprise poursuit sa stratégie de développement de candidats médicaments en immuno-oncologie.
Changement de dirigeant pour les 25 ans de la biotech marseillaise Innate Pharma. Depuis début novembre, Jonathan Dickinson est en effet le nouveau président du directoire de l’entreprise, spécialisée dans le développement de traitements d’immunothérapies contre le cancer. Il succède ainsi à Hervé Brailly, co-fondateur de la société, qui va accompagner la transition et va présenter sa candidature au conseil de surveillance.
Titulaire d’une licence en génétique et d’un master en administration des affaires de l’université de Nottingham, Jonathan Dickinson occupait le poste de vice-président exécutif et directeur général Europe chez Incyte, société bio pharmaceutique, depuis 2016. Avant cela, il a exercé des fonctions chez Ariad Pharmaceuticals et chez Bristol-Myers Squibb. Il avait commencé sa carrière chez Novartis. Innate Pharma a par ailleurs tout récemment obtenu l’autorisation de la Food and Drug Administration (FDA) pour lancer un essai clinique de phase 1 avec l’un de ses candidats-médicaments aux États-Unis. Cet essai est prévu pour débuter dans les prochains mois. » Les États-Unis représentent environ 70 % du marché mondial des médicaments, car les prix des médicaments y sont nettement plus élevés qu’en Europe « , commente ainsi Hervé Brailly. Innate Pharma a donc implanté une filiale à Rockville, dans le Maryland, pour renforcer sa présence sur ce marché stratégique.
Miser sur le temps long
Depuis 25 ans, Innate Pharma se positionne comme un acteur clé de l’immuno-oncologie, une discipline visant à reprogrammer le système immunitaire pour qu’il lutte efficacement contre les cellules cancéreuses. Le modèle de l’entreprise repose sur une approche à long terme, en faisant le lien entre la recherche et l’industrie pharmaceutique. « Concrètement, Innate Pharma part d’un concept de recherche, d’une molécule cible que nous transformons en candidat-médicament. Nous menons ensuite les études et les différents essais cliniques, en général en trois phases, jusqu’à démontrer l’intérêt du produit sur l’homme. »
« Là, avant les grands essais finaux nécessaires pour obtenir les autorisations de mise sur le marché, qui peuvent coûter autour de la centaine de millions d’euros, les grands laboratoires pharmaceutiques prennent le relais « , poursuit le fondateur de l’entreprise.
Ce processus complet, de la recherche initiale à la commercialisation, prend entre 12 et 20 ans, particulièrement en oncologie, où il est nécessaire d’évaluer les bénéfices des médicaments sur une longue période.
Financement au travers de partenariats avec de grands laboratoires
Pour financer ce modèle, Innate Pharma ne génère pas de chiffre d’affaires par la vente de médicaments, mais s’appuie sur des partenariats stratégiques. Depuis 2003, l’entreprise a établi des collaborations avec de grands groupes pharmaceutiques comme Novo Nordisk, Sanofi (2016) et AstraZeneca (2015). Ces partenariats apportent des revenus importants : AstraZeneca a versé 450 millions de dollars pour plusieurs produits, tandis que Sanofi a contribué à hauteur de 60 millions de dollars. L’un des produits développés avec Sanofi, destiné au traitement des cancers hématologiques, est entré en phase 2 d’essai clinique au premier semestre 2024. Les financements complémentaires, proviennent d’augmentations de capital. Innate Pharma a en effet levé plus de 250 millions de dollars depuis sa création, notamment par son entrée en bourse à Paris en 2006 et au Nasdaq à New York en 2019. « Le plus important n’est pas de réaliser du chiffre d’affaires, mais de maintenir une trésorerie solide… »
Actuellement, la société présente une trésorerie de 102 millions d’euros. Des liquidités qui devraient lui permettre de financer ses opérations jusqu’à fin 2025. Deux de ses candidats-médicaments pourraient potentiellement arriver à terme dans les trois prochaines années, ouvrant ainsi la voie à de nouvelles étapes cruciales pour l’entreprise.
source : Journal des Entreprises