L’état financier de l’entreprise est examiné, mardi, par le tribunal de commerce de Versailles.
C’est probablement la fin de l’aventure Carmat, société qui produit un cœur artificiel. Le tribunal de commerce de Versailles examine, mardi 30 septembre, l’état financier de l’entreprise et devrait, dans la foulée, en prononcer la liquidation judiciaire, puisque la seule offre de reprise n’a finalement pas pu être menée à son terme. Une centaine d’emplois sont concernés. L’entreprise, d’abord considérée comme un joyau médical français, n’a jamais réussi à transformer l’essai et décoller.
C’était décembre 2013, la France découvre le cœur Carmat. Ce cœur artificiel bat dans la poitrine d’un homme de 75 ans et remplace son vrai cœur, presque détruit par une insuffisance cardiaque. Il s’agit alors d’une première mondiale. L’homme vit finalement deux mois et demi avec, avant de décéder. Dans les médias, face à son inventeur le professeur Alain Carpentier, des médecins et des philosophes s’interrogent : va-t-on vers la vie éternelle, est-on en train de créer voire d’approcher l’immortalité ?
« C’était une révolution »
Rapidement, d’autres patients suivent. Le professeur Daniel Duveau, aujourd’hui à la retraite, se souvient : il a implanté une dizaine de cœurs Carmat. « C’était une révolution ! En plus les prothèses étaient biologiques. C’était un dispositif qui se rapprochait le plus possible de la physiologie cardiaque classique. Si le malade marchait vite, le cœur s’accélérait tout seul. S’il s’endormait, allongé dans son lit, le cœur ralentissait. »
En 2013, les médecins sont enthousiastes. « On pense qu’il y a au moins 10 000 patients qui pourraient à terme, bénéficier de ce genre de substitution », avance même son inventeur à l’époque. Sauf que, cela n’est jamais arrivé. À ce jour, ce bijou de technologie – 200 000 euros pièce – a été implanté à seulement 122 patients en insuffisance cardiaque terminale.
Des dysfonctionnements et l’avènement d’autres technologies
Au fil des années, les dysfonctionnements se sont enchaînés, d’autres technologies ont pris le relais. Et l’ambition initiale formulée à la télévision en 2013, de « remplacer la greffe cardiaque » ne tient plus. Carmat se repositionne pour proposer seulement un cœur de remplacement, en attendant une greffe avec un vrai cœur.
Aujourd’hui, après avoir dépensé des centaines de millions d’euros d’investissement, notamment d’argent public, l’entreprise, est en cessation de paiement et s’attend à ce que le tribunal prononce sa liquidation judiciaire. Elle promet néanmoins de continuer à assurer le suivi des patients déjà implantés.
Source : Franceinfo