Grâce aux aides de la région et de l’Agence nationale de la recherche (ANR), une équipe mixte de l’Institut national de recherche pour l’agriculture et l’environnement (INRAE) et de l’Université de Tours vient de mettre au point le premier vaccin par voie nasale contre la Covid-19. Sa mise sur le marché d’ici 2023 nécessitera 15 millions d’euros.

Le brevet du nouveau vaccin par voie nasale contre la Covid-19, élaboré par l’équipe Biomap mixte de l’INRAE et de l’Université de Tours, a été déposé le 7 septembre. Les tests effectués notamment sur des souris se sont révélés 100% positifs. A la clé, trois avantages mis en avant par la chercheuse et pilote du projet, Isabelle Dimier-Poisson. Outre l’absence de piqure, le nouveau vaccin administré par le nez bloque la contagiosité de la Covid-19 en agissant sur la muqueuse nasale, porte d’entrée et de la multiplication du virus. Par ce biais, il agit enfin de façon plus efficace contre la propagation des variants. Dans le cadre d’un appel à projets lancé par l’Agence nationale de la recherche en mars 2020, l’équipe Biomap a bénéficié d’un coup de pouce de quelque 160.000 euros émanant de la région Centre Val de Loire. Conjugué avec d’autres sources de financement de la part notamment de l’Etat, la phase d’amorçage a coûté jusqu’à présent environ 500.000 euros. Le développement des bio-médicaments mobilise une partie conséquente des fonds alloués à la recherche par la collectivité régionale afin de renforcer la filière médicale, l’une des cinq plus actives à l’échelle de l’Hexagone. En plus du projet de l’équipe Biomap, quatre autres dossiers bénéficient en 2021 de fonds régionaux dédiés à hauteur de 700.000 euros.

« Nous avons investi 20 millions d’euros depuis 2015 sur ce créneau, assure Anne Besnier, vice-présidente déléguée à l’enseignement supérieur et à la recherche. Nous agissons aussi en appui des laboratoires pour les aider à flécher des financements nationaux et européens ».

Mise sur le marché d’ici deux ans

Reste pour l’équipe de chercheurs tourangeaux à préparer les essais cliniques du nouveau vaccin sur l’être humain, qui seront effectués en 2022, à des fins d’homologation. Sa mise sur le marché devrait intervenir en 2023. Pour mener à bien ces deux phases, une startup est en cours de création à Tours. Prévue pour l’automne, elle sera co-dirigée par Isabelle Dimier-Poisson et un futur partenaire industriel. La jeune pousse embarquera également des scientifiques afin d’en crédibiliser encore la démarche. L’enjeu financier est lourd puisqu’elle devra lever environ 15 millions d’euros jusqu’à la commercialisation du futur vaccin. L’objectif est ensuite d’en assurer la production et l’exploitation. D’ores et déjà, le laboratoire façonnier Récipharm, basé à Monts dans l’agglomération de Tours, a promis sa collaboration. Le site du groupe suédois produit déjà le vaccin anti-Covid-19 de l’américain Moderna depuis le printemps.Guillaume Fischer, à Tours

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