Le Leem, principal lobby pharmaceutique français, a salué la candidature de la France pour accueillir l’Agence européenne du médicament, qui déménagera de Londres quand le Brexit sera effectif. Si la France est choisie, cela pourrait pousser des groupes pharmaceutiques étrangers à développer leurs activités en France, selon Philippe Lamoureux, Directeur général du syndicat professionnel.
LA TRIBUNE :
Huit villes françaises ont candidaté ces derniers mois pour accueillir l’Agence européenne du médicament, pourquoi choisir de communiquer aujourd’hui ?
PHILIPPE LAMOUREUX :
Nous saluons le fait que la France se positionne pour accueillir l’Agence européenne (le président de la République et le Premier ministre ont désigné Lille officiellement, Ndlr). Car jusqu’à présent il n’y avait pas eu d’engagement au plus haut niveau de l’Etat. Les expressions de candidatures se sont faites au niveau local ou régional. Et plusieurs pays européen s’étaient déjà positionnés, notamment le Danemark, l’talie ou la Suède.
Si la France est choisie par le Conseil européen pour accueillir l’institution, qu’est-ce que cela lui apportera, outre les centaines d’emplois nécessaires à son fonctionnement ?
L’Agence européenne du médicament délivre les feux verts pour autoriser le lancement de produits pharmaceutiques innovants au sein de l’Union européenne. Or, le fait qu’elle soit basée dans un pays donné est un facteur d’attractivité pour celui-ci. Car, un pôle d’expertise international se constitue autour de l’Agence. Cela draine beaucoup de savoir-faire et de compétences.
Si l’on prend l’exemple du Royaume-Uni, cela a probablement joué sur le choix de certains laboratoires – des décideurs pharmaceutiques souvent basés hors de l’Europe – d’installer des centres de décision stratégique européens au Royaume-Uni, plutôt qu’en Allemagne ou en France.
Les décisions stratégiques des industriels pourraient prendre plus en considération la France dans la R&D si elle accueille l’Agence européenne du médicament. Cela pourrait drainer des flux d’activités. Si l’on va plus loin, le fait d’attirer des activités de R&D dans des médicaments très innovants, dont les biotechnologies, pourrait accroître l’activité de production dans ces domaines thérapeutiques. Car les liens entre la R&D et production vont se raccourcir de plus en plus.
Le résultat de l’élection présidentielle française peut-il avoir une influence sur le choix de la prochaine ville européenne qui accueillera l’Agence ?
Cela se jouera avant tout sur des critères techniques. Mais il faudra que le prochain gouvernement confirme son intérêt d’accueillir l’Agence européenne du médicament. Une chose est sûre: le fait de vouloir accueillir cette structure présuppose que nous restions dans l’Union européenne.
Source : La Tribune