Spécialisée dans la cicatrisation, la division médicale du groupe pilote un consortium public-privé qui se donne dix ans pour réussir à créer une peau artificielle. Doté de 100 millions d’euros, dont 22,8 millions de bpifrance, le projet vise dans un premier temps le traitement des grands brûlés.

Urgo vient d’annoncer le lancement d’un projet de recherche aux accents futuristes. Baptisé « Genesis », il a pour ambition de créer de la peau artificielle pour, dans un premier temps, faciliter le soin et la guérison des grands brûlés.

Le projet, dont le groupe familial implanté dans la métropole de Dijon (Côte-d’Or) est chef de file, devrait occuper pendant environ dix ans une trentaine de chercheurs de sa division Urgo Medical spécialisée dans la cicatrisation. Et pour mieux relever le défi, un consortium a été mis sur pied avec un laboratoire de l’AFM-Téléthon, l’Etablissement français du sang, le Laboratoire de biologie tissulaire et d’ingénierie thérapeutique (LBTI) de Lyon et Dassault Systèmes . Une « Dream Team », selon Guirec Le Lous, président d’Urgo Medical, qui réunit tous les grands experts de la peau ainsi qu’un industriel, Dassault, dont le savoir-faire en modélisation 3D pourrait faire gagner du temps, estime-t-il.

Sur les travaux eux-mêmes, rien n’a encore filtré mais le plan a été jugé suffisamment prometteur pour que bpifrance lui accorde un financement de 22,8 millions d’euros au titre du programme d’investissement d’avenir , sur les 100 millions qu’il devrait mobiliser sur dix ans. Dijon Métropole et Bourgogne-Franche-Comté apportent 800.000 euros pour permettre la création d’un laboratoire dédié. « C’est un projet d’innovation de rupture risqué et long mais nous avons fait collectivement le pari de l’audace », commente Marie-Guite Dufay, la présidente de région. Elle en espère la création de « centaines d’emplois » et se félicite du « développement de la filière bioproduction régionale ».

Le laboratoire dédié va nécessiter 1,9 million d’euros d’investissement et sera opérationnel en 2022, dans les locaux d’Urgo Medical, à Chenôve, division qui réalise 50 % d’un chiffre d’affaires global de 660 millions d’euros.

Le groupe compte 3.300 salariés dont 1.000 dans la métropole dijonnaise répartis entre Chenôve, où Urgo Medical emploie 550 personnes en R&D et aux fonctions support, et 450 dans une usine de sa division Healthcare à Chevigny-Saint-Sauveur.

A Chenôve, Urgo Medical a déjà mis au point un pansement qui se retire sans douleur, puis en 2018 le premier pansement au monde pour pied diabétique. La peau artificielle, « projet fou et Graal absolu », admet Guirec Le Lous, pourrait remplacer le concept long, coûteux et douloureux d’autogreffe, seul traitement actuel pour les grands brûlés.

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