À Illkirch-Graffenstaden, dans le Bas-Rhin, la société Transgene est en train de développer un vaccin contre le cancer. Actuellement en phase de test, le produit paraît prometteur et a été présenté au congrès mondial d’oncologie de Chicago en juin dernier.

Un vaccin personnalisé pour chaque patient

Le vaccin est personnalisé pour chaque patient en fonction des caractéristiques de sa tumeur. Il diffère des traitements habituels car il cible les caractéristiques propres à la tumeur de chaque patient, il est donc unique.  « Une tumeur a vraiment une signature génétique unique et qui est propre à chaque patient », explique Transgene à Actu Strasbourg

Le vaccin est donc à visée thérapeutique, c’est-à-dire qu’il s’adresse à des patients qui sont déjà atteints d’un cancer. « On s’adresse à des patients qui ont déjà été diagnostiqués, auxquels on a déjà enlevé une tumeur et qui ont de forts risques de rechute », décrit Transgene.

Le cancer : une histoire de mutation génétique

Concrètement, le vaccin va réveiller le système immunitaire de chaque patient en lui faisant comprendre que les cellules cancéreuses sont néfastes et qu’il faut les détruire
À l’origine, une tumeur naît après qu’une cellule se soit divisée puis multipliée de façon erronée. Lors de cette étape, des mutations génétiques s’opèrent. Il en résulte des différences entre les cellules saines et les cellules cancéreuses. Au moment de la multiplication, comme elles ont perdu certains de leurs gènes normaux, les cellules se divisent et se multiplient beaucoup trop vite, créant une tumeur. Pour stopper cette multiplication de cellules cancéreuses, les médecins de Transgene élaborent un vaccin, en cherchant les mutations génétiques à l’origine du cancer.

Un ennemi qui passe sous les radars des défenses immunitaires

Mais cela n’est pas chose aisée. En cause : « Les cellules cancéreuses sont très proches des cellules saines, c’est toute la difficulté du traitement du cancer », explique Transgene. 
Les cellules cancéreuses vont donc avoir une carte d’identité génétique différente des cellules normales. En théorie donc, le « cancer devient alors un ennemi. Mais une cellule tumorale a des caractéristiques génétiques qui font que le système immunitaire ne les repère pas », ajoute Transgene.
C’est pourquoi les cellules cancéreuses ne sont pas naturellement éliminées par le système immunitaire. « Elles arrivent à passer sous le radar des défenses immunitaires. Si ce n’était pas le cas, elles seraient détruites et il n’y aurait pas de cancer », explique Transgene. 

« Chercher une aiguille dans une botte de foin »

L’idée, c’est que le vaccin montre au système immunitaire les mutations génétiques qui s’opèrent et qui fabriquent des cellules cancéreuses.
Une tumeur n’est pas homogène, c’est un regroupement de plusieurs cellules. Quand le patient subit une procédure chirurgicale, on enlève la tumeur et un peu à côté. Le problème souvent, c’est qu’il y a des rechutes parce que des cellules cancéreuses sont restées cachées dans le corps du patient.

« Pour concevoir ce traitement, nous cherchons des mutations susceptibles d’être repérées par le système immunitaire. On cherche un peu une aiguille dans une botte de foin », image Transgene. 

Un vaccin qui réveille le système immunitaire du patient

Dans les faits, les trente mutations cancéreuses les plus à même de réveiller le système immunitaire sont sélectionnées grâce à une intelligence artificielle. Elles sont ensuite insérées dans le vaccin.
Lorsque le vaccin est administré au patient, son système immunitaire repère ce vecteur viral et sait qu’il faut l’attaquer et le détruire.
C’est une immunothérapie, on utilise le système immunitaire du patient comme outil de sa propre thérapie. 

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