Le géant pharmaceutique français Sanofi se renforce dans le secteur du biomédicament, en fondant avec le groupe helvétique Lonza une usine commune de médicaments biologiques en Suisse.
Les deux partenaires vont investir à parts égales 290 millions de francs suisses (environ 270 millions d’euros) pour bâtir cette nouvelle usine de cultures cellulaires mammifères à grande échelle, dédiée à la production d’anticorps monoclonaux.
Cette unité sera installée à proximité d’un site existant de Lonza à Visp (Viège), berceau de ce géant mondial de la sous-traitance chimique et pharmaceutique, selon un communiqué des deux groupes publié lundi.
La construction, qui sera réalisée par Lonza, doit débuter cette année, sous réserve des approbations réglementaires, et l’usine devrait être « entièrement opérationnelle d’ici à 2020 », est-il précisé.
« Environ 60% » du portefeuille de recherche-développement de Sanofi est constitué de produits biologiques, dont des anticorps monoclonaux, pour « des domaines thérapeutiques clés comme les maladies cardiovasculaires, l’immunologie et l’inflammation, la neurologie et l’oncologie », rappelle Philippe Luscan, vice-président exécutif de Sanofi chargé des opérations industrielles, cité dans le communiqué.
– « Anticiper » –
Dans le cadre de ce « partenariat stratégique » sous la forme d’une coentreprise, les deux groupes disposeront chacun de 50% des capacités industrielles disponibles de l’usine.
Sanofi disposera toutefois d’un accès supplémentaire aux capacités du site en cas de demande croissante pour ses biomédicaments, afin de pouvoir « réagir rapidement aux fluctuations de la demande à court terme », selon le communiqué.
« On a entre cinq et dix lancements dans la feuille de route d’ici à 2020 » et au-delà, « il y a d’autres lancements à préparer », a expliqué à l’AFP M. Luscan, soulignant que dans la mesure où « il faut 4 à 5 ans pour se préparer, il fallait anticiper ».
L’investissement de long terme avec Lonza « nous permet de nous adapter au pipeline (portefeuille de produits en développement) court et moyen terme de Sanofi », qui réalise 45% de son chiffre d’affaires grâce aux médicaments issus des biotechnologies, a-t-il résumé.
De son côté, Lonza « sera libre » de commercialiser sa part des capacités à d’autres clients, « sous réserve que Sanofi n’en ait pas besoin », et aussi de commercialiser à des tiers des capacités attribuées à Sanofi si ce dernier ne les exploitait pas intégralement.
Dans le cadre de cette coentreprise « flexible » et « originale », 200 postes seront créés sous statut Lonza auxquels s’ajouteront « une dizaine de personnes » dans le management côté Sanofi, selon M. Luscan.
– Virage –
Avec cet accord, Sanofi prend encore un peu plus le virage des biomédicaments, des produits à très haute valeur ajoutée, considérés comme l’avenir de l’industrie pharmaceutique.
Le groupe, qui compte une trentaine d’usines de biomédicaments dans le monde, a investi ces dernières années « environ 1 milliard d’euros » dans ses sites de « Vitry-sur-Seine, Francfort, en Belgique et Boston », rappelle Philippe Luscan.
Sur les trois dernières années, le géant pharmaceutique « n’a jamais autant investi » dans son histoire, soit un total 3 milliards d’euros dans le monde, dont 900 millions en France, a précisé le responsable.
A l’inverse, le groupe a annoncé à l’automne dernier qu’il prévoyait de vendre son activité de médicaments génériques en Europe d’ici à fin 2018 au plus tard.
Il pourrait aussi décider cette année de céder son activité de sous-traitance en chimie, qui concerne trois de ses sites: Vertolaye (Puy-de-Dôme), Elboeuf (Seine-Maritime) et Ujpest (Hongrie), soit 1.600 salariés, dont 1.100 en France.
Officiellement, trois scénarios sont toujours sur la table pour cette activité: la vente, la création d’une coentreprise ou son maintien au sein du groupe.
Une décision sera prise « au second semestre », a indiqué M. Luscan.
Source : Boursorama