La société sarladaise ne cesse d’investir et se dote de la technologie laser, unique en Europe, pour produire de minuscules aiguilles destinées à la chirurgie cardiovasculaire.

C’est de la métallurgie. La société achète des rouleaux de fils d’acier, les découpe, les affûte, les perce… N’imaginez pas pour autant des marteaux-pilons qui font jaillir des étincelles en frappant des enclumes géantes. Chez Suturex et Renodex, tout est en délicatesse et précision, jusqu’au micron près, pour réaliser des aiguilles chirurgicales qui seront ensuite vendues à des sociétés qui les assembleront avec des fils de suture.

C’était au départ une société suisse, rapatriée en 1953 par une famille du cru dans le centre-ville de Sarlat (Dordogne). Puis les propriétaires se sont succédé, dont de grands groupes du secteur de la santé. La menace de délocalisation se faisait pressante quand un certain Jacques Chemel, un ancien des Foies gras Rougié, finit par la racheter. Mais un autre fléau s’abat sur la structure : elle est ravagée par un incendie.

Elle est reconstruite en 1998 sur la zone d’activité économique du Périgord noir, avec un personnel regonflé à bloc et soudé. L’heure de la retraite ayant sonné, Jacques Chemel revend en 2010 l’entreprise au groupe allemand B. Braun, son principal client de l’époque.

95 % à l’exportation

En même temps, Joaquin Valls, venu d’une succursale du groupe à Barcelone, a pris le fauteuil de directeur général. Depuis, le Catalan poursuit la dynamique locale avec la bienveillance du groupe qui valide les investissements annuels compris entre 1,5 et 2 millions d’euros, avec des fonds générés par l’entreprise.

En 2014, 7 millions d’euros ont été mis sur la table pour construire un nouveau bâtiment de 7 400 m² et s’y installer confortablement sur 6 000 m². En 2020, en pleine crise sanitaire avec une baisse du chiffre d’affaires de 15 %, la société a décidé d’investir à nouveau et d’utiliser les 1 400 m² restants pour réorganiser l’usine. Elle s’est dotée d’une nouvelle technologie, une machine laser, pour percer de minuscules aiguilles destinées à la très fine chirurgie cardiovasculaire ; de quoi ne plus importer d’Asie.

L’investissement total est de 1,9 million d’euros, avec une aide de France Relance de 730 000 euros. Car cette technologie, qui existe en Asie ou aux États-Unis, n’est pas présente en Europe et permettra de compléter sa gamme exportée à 95 %. Ce laser devrait être en production fin 2023 pour fabriquer les « Rolls-Royce » des aiguilles, avec des trous de 40 à 80 microns. « C’est l’aiguille la plus difficile à produire, très petite, celle qui provoque le plus d’attente sur le marché. »

Source : Sud Ouest