Usine qui tourne en continu et fléchage d’un million de boîtes de paracétamol pédiatrique vers le marché français : le laboratoire Upsa, à Agen, se mobilise pour répondre aux carences du marché. Sa stratégie de produire en France s’avère payante mais, avec l’inflation, elle est contrainte par le blocage des prix de ce produit de première nécessité. Le ministre de l’Industrie s’apprête à lancer une mission sur le sujet pour trouver des solutions.
Les deux sites d’Upsa, à Agen (Lot-et-Garonne), tournent en continu pour produire du paracétamol. En 2022, près de 400 millions de boîtes ont été fabriquées pour le marché français (150 millions) et une soixantaine d’autres pays.
Malgré la hausse des matières premières, le coût de l’énergie et les tensions sur le marché de l’emploi, la production de paracétamol par Upsa, à Agen (Lot-et-Garonne), est montée significativement en puissance en 2022 et le laboratoire continue à tenir la cadence en ce début d’année. Grâce à 200 recrutements et une refonte des plannings, l’usine fonctionne 24/24 heures et 7/7 jours depuis près d’un an, permettant de sortir 265 millions de boîtes d’EfferalganMed et Dafalgan l’an dernier, dont 15 millions d’unités de paracétamol pédiatrique. Une production en hausse de 19 % sur un an et même de 100 % pour les formes destinées aux enfants.
Et même si cela ne suffit pas à répondre à la demande nationale, c’est cette mobilisation qu’est venu saluer Roland Lescure, le ministre de l’Industrie, lors d’une visite de nuit ce 4 janvier. « Le gouvernement soutient la relocalisation de la production des principes actifs et des médicaments en France et le ministre a tenu à saluer le travail de nuit des salariés d’Upsa et la mobilisation de l’entreprise », indique à La Tribune le cabinet du ministre.
Un million de boîtes pédiatriques fléchées vers la France
Filiale depuis 2016 du groupe japonais Taisho, Upsa emploie 1.350 salariés à Agen et ne ménage pas ses efforts pour pallier les difficultés de son concurrent Sanofi, incapable de fournir au marché suffisamment de Doliprane. Et si Upsa fait figure de challenger sur le marché tricolore avec 29 % de part de marchés sur le paracétamol adulte et seulement 2 % sur la formule pédiatrique, le laboratoire agenais ne ménage pas ses efforts, comme le souligne Laure Lechertier, la directrice de l’accès au marché :
Contrairement à son gros concurrent très dépendant de la Chine, Upsa achète 85 % de son principe actif aux Etats-Unis, ce qui lui a permis d’assurer la continuité de son approvisionnement ces dernières années.
Mais, comme d’autres industriels, Upsa fait aussi face à une hausse de 20 % de ses coûts de fabrication et, compte tenu de la nature de son produit, le laboratoire se trouve dans l’impossibilité de répercuter cette hausse :
« Le prix fabricant de la boîte de paracétamol est plafonné à 0,76 euro HT. C’est un facteur bloquant et nous demandons donc une hausse de ce prix pour prendre en compte non seulement l’inflation de nos coûts mais aussi notre empreinte territoriale en France. C’est une possibilité ouverte par la loi mais qui n’est toujours pas appliquée », regrette la responsable d’Upsa qui a, bien entendu, profité de la visite de Roland Lescure pour le sensibiliser directement à ce sujet.
Des propositions attendues pour fin 2023
Sans évolution de la règlementation, Upsa ne s’en cache pas : il sera très difficile d’envisager d’investir dans de nouvelles lignes de production en France.
« Roland Lescure a bien conscience des limites de la règlementation actuelle sur ces médicaments dits matures. Il lancera prochainement une mission conjointe de l’IGS (inspection générale des finances) et de l’IGAS (inspection générale des affaires sociales) pour remettre à plat ces sujets stratégiques des prix des médicaments et des produits de santé et éviter de futures pénuries », précise son entourage.
Les conclusions de cette mission ne sont pas attendues avant le second semestre 2023. Viendra ensuite le temps des arbitrages ministériels. « Le gouvernement s’engage à réfléchir à une autre politique du médicament, c’est une bonne chose. Nous sommes un cas pratique qui illustre la réalité de la filière santé et notre but c’est de pouvoir continuer à investir à Agen », conclut Laure Lechertier.
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