La petite medtech française, qui a mis au point des capteurs intelligents utilisés pour l’observance du traitement des diabétiques, est valorisée 154 millions d’euros selon l’OPA projetée par le danois Novo Nordisk.

La PME auvergnate Biocorp va être rachetée par le géant mondial du traitement du diabète. Novo Nordisk est en effet entré en négociations exclusives avec la medtech, qui fabrique des dispositifs médicaux connectés, lit-on dans un communiqué daté de ce matin. Le danois a proposé un prix de 35 euros par action pour mettre la main sur la totalité de la participation de Bio Jag, la holding du PDG Jacques Gardette, soit 45,3% du capital et 62,19% des droits de vote.

Une opération attendue (Jacques Gardette est âgé de 75 ans) qui serait suivie, si elle se concrétisait, par le dépôt de Novo Nordisk, à titre obligatoire, d’une offre publique d’achat (OPA) simplifiée portant sur le solde des actions émises, valorisant à 154 millions d’euros l’entreprise française autorisée, depuis la fin d’année dernière, à vendre aux Etats-Unis, le plus grand marché mondial du diabète, son dispositif « Mallya » pour la délivrance intelligente d’insuline. Les fonds Nyenburgh, Greenstock et Vatel Capital, détenant ensemble 19% du capital (13,1% des droits de de vote), se sont engagés à apporter leurs titres. Novo Nordisk détiendrait alors 64,3% du capital (75,3% des droits de vote).

« La réalisation de l’acquisition du bloc de contrôle devrait avoir lieu au cours du troisième trimestre et le dépôt de l’offre subséquente au cours du mois de septembre », indique Biocorp, avec potentiellement une procédure de retrait obligatoire si Novo Nordisk parvient à franchir les seuils de 90%. Le cours de Bourse de la medtech est suspendu pour la journée avant une reprise de cotation demain. Au plus haut historique, en avril 2022, elle valait 38,9 euros (à comparer à un prix d’introduction de 9,25 euros à l’été 2015).

« Le prix de 35 euros extériorise un multiple valeur d’entreprise sur chiffre d’affaires 2023 relativement élevé de 12,8x et une prime de +19,5% par rapport au dernier cours (+43% sur le cours du 18 mai) », commente le bureau d’analyse financière Invest Securities.

« Le prix est légèrement inférieur à notre objectif de cours de 36,8 euros mais pourra certainement convaincre de nombreux minoritaires », réagit-on chez Portzamparc. « Bien que cette opération capitalistique soit intégrée dans nos scénarios, nous ne l’attendions qu’après les premières ventes consacrées. Novo ayant récemment lancé le produit au Japon, souhaite accélérer en réalisant la production de Mallya à plus grande échelle avec leurs propres capacités » alors qu’Eli Lilly, l’autre grand du diabète, a développé en interne l’équivalent de Mallya.

60 millions de stylos jetables sont vendus chaque année

Les deux entreprises se connaissent bien puisque Novo Nordisk, aux côtés de Sanofi, Roche ou Merck KGaA, fait partie des « big pharmas » avec lesquelles Biocorp était déjà partenaire. Mallya, le dispositif « star » de la PME, est un capteur connecté, qui s’intègre notamment aux stylos d’insuline jetables de tous les acteurs du secteur, ce qui lui ouvre un marché gigantesque (près de 60 millions de stylos jetables sont vendus chaque année). C’est le seul système à être autorisé tant en Europe qu’aux Etats-Unis ou au Japon, autre gros marché pour le diabète. Il est distribué par Roche Diabetes Care en France, par Sanofi en Europe et Novo Nordisk au Japon, sur ses stylos FlexTouch. Aux Etats-Unis, il sera lancé en priorité par Sanofi, qui va l’intégrer à son stylo injecteur Solostar.

Mallya a ceci de révolutionnaire qu’il permet l’observance du traitement, à ne pas confondre avec le suivi de la glycémie, déjà permis notamment par les patchs connectés, comme le FreeStyle d’Abbott. La direction de Biocorp a déjà expliqué que la moitié des malades du diabète étaient sous-traités en raison d’une dose injectée insuffisante. C’est là que Mallya fait la différence : le dispositif enregistre la dose et l’heure de chaque injection et les transmet à l’application mobile du patient, à son médecin et, de façon anonyme, au laboratoire.

Source : Les Echos Investir