Le laboratoire de Chimie Agro-Industrielle (LCA) de l’Institut National Polytechnique (INP) de Toulouse expérimente actuellement un procédé d’extraction innovant et « vert  » du cannabis à usage médical. L’objectif est d’améliorer l’efficacité thérapeutique sur les patients.

Le laboratoire LCA de Toulouse INP, spécialisé en « chimie verte« , travaille sur ce projet en collaboration avec DelleD, dont le laboratoire « LaFleur » est spécialisé en développement pharmaceutique de médicaments à base de cannabis. Les expérimentations sont menées via des procédés d’extractions novateurs.

Des procédés chimiques verts pour produire des extraits optimisés

C’est à partir de fleurs de cannabis importées que les chercheurs étudient une méthode d’extraction visant à obtenir un extrait à l’efficacité renforcée sur les patients.

La particularité de ce projet est que les recherches sont faites uniquement à partir de matières biosourcées c’est à dire de matières d’origine naturelle, donc renouvelables, permettant ainsi de préserver l’environnement. Les chercheurs mettent notamment au point une méthode d’extraction innovante grâce à la chimie verte c’est à dire sans aucun recours à des réactifs ou solvants issus de la pétrochimie.
 
Comme l’indique Marion Alignan, biologiste du végétal de formation et la responsable du projet à Toulouse,

« toutes les opérations de transformation du laboratoire sont réalisées avec un impact minimal sur l’environnement et sur la santé de l’Homme ».

La biologiste Marion Alignan met son expertise de 15 années en « fractionnement du végétal » au service de ce projet. Elle travaille en collaboration avec trois autres scientifiques dont les compétences sont complémentaires. En septembre prochain, un(e) doctorant(e) viendra compléter l’équipe.

En quoi consiste concrètement les recherches ?

Marion Alignan, biologiste en charge du projet à Toulouse, indique que ce qui se fait actuellement dans le monde est d’indiquer pour les plantes à usage médical les taux de THC (tétrahydrocannabinol), la molécule à effet psychotrope strictement interdite en France, et le taux de CBD (Cannabidiol), une autre molécule sans effet psychoactif nocif sur la santé. Or la plante contient plus de 100 cannabinoïdes comme le THC et le CBD, dont des molécules potentiellement actives permettant d’augmenter l’effet de ces cannabinoïdes.

C’est sur cet « effet d’entourage » précisément que travaillent notamment les chercheurs, à l’affût des molécules les plus performantes. L’efficacité recherchée sera ensuite évaluée en partenariat avec des chercheurs en pharmacologie de l’Université de Strasbourg.

Où en est la législation sur l’utilisation du cannabis à usage médical en France ?

En octobre 2020, le Gouvernement a autorisé l’expérimentation de l’utilisation de cannabis à usage médical pour cinq indications : douleurs neuropathiques réfractaires aux thérapies disponibles, certaines formes d’épilepsies sévères et pharmaco-résistantes, certains symptômes rebelles en oncologie, des douleurs liées à la sclérose en plaques et enfin des situations palliatives.

L’expérimentation a débuté il y a un mois et concernera 3000 patients d’ici 2023. De son succès dépend la généralisation du cannabis à usage médical. Si l’usage médical du cannabis est actuellement concentré sur le soulagement de la douleur, l’objectif à terme des chercheurs actifs sur ce projet est de mettre au point des substances efficaces dans le traitement du cancer.

Inutile d’imaginer reproduire l’expérience à la maison, le laboratoire de Chimie Agro-Industrielle a dû au préalable obtenir une autorisation spéciale pour détention et manipulation de stupéfiants, délivrée par l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament. Cela permet au laboratoire de travailler sur les quelques grammes de fleur de cannabis nécessaires à ces recherches.  

Source : France 3 régions