Mis au point par une société américaine, les tests distribués par Eurobio Scientific sont disponibles en pharmacie, dans les officines et en ligne. Ils ciblent notamment les jeunes, pour prévenir les rapports sexuels à risque.

Il ressemble un peu aux autotests pour le Covid-19, à la différence notable que les narines restent en paix. Il suffit d’ouvrir la bouche et de prélever un peu de salive. Depuis quelques semaines, des pharmacies mettent en vente OraQuick, le premier autotest salivaire de dépistage du VIH en France. Mis au point par la société américaine Orasure, il est distribué par l’entreprise Eurobio Scientific, implantée dans la zone d’activités de Courtabœuf, aux Ulis (Essonne), leader dans le diagnostic médical in vitro qui a notamment conçu en 2020 une machine permettant une sérologie de masse pour définir la population immunisée contre le Covid-19.

L’enjeu de santé publique est crucial car la lutte contre le virus du sida est loin d’être terminée. Chaque année en France, 6 000 personnes découvrent leur séropositivité, dont 13 % de moins de 25 ans. Mais les plus âgés ne sont pas épargnés puisque 20 % des personnes contaminées ont plus de 50 ans. Et on estime que 25 000 personnes ignorent leur séropositivité.

L’autotest de dépistage du VIH n’est pas une première. Depuis 2015, il est possible d’en acheter en pharmacie en France. « Mais ce sont des tests sanguins, souligne Jean-Michel Carle, le PDG d’Eurobio Scientific. Il faut se prélever une goutte de sang au bout du doigt, un geste qui peut en rebuter certains et qui n’est pas très facile à réussir du premier coup. OraQuick a l’avantage d’être très simple d’utilisation, il n’est pas invasif, et il n’y a pas de risque de contamination. »

Une fois déballé de la boîte, l’autotest se présente sous forme de petit boîtier en plastique avec une sorte de petite spatule au bout qu’il faut passer entre les gencives et les dents en haut et en bas de la bouche. Comme pour les autotests pour le Covid-19, il faut mettre quelques gouttes de solution et attendre une vingtaine de minutes pour connaître le résultat. « Pour obtenir le marquage CE (NDLR : obligatoire pour être autorisé sur le marché), il faut une fiabilité parfaite, indique Jean-Michel Carle. C’est le cas pour ce test qui affiche 100 % pour la sensibilité et 99,8 % pour la spécificité (faux négatifs). En cas de résultat positif, il faut évidemment se rendre en laboratoire pour le confirmer, et démarrer un traitement le cas échéant. »

Cet autotest peut s’acheter sans prescription médicale, il est en libre-service. On peut le trouver dans toutes les officines, que ce soit des pharmacies qui ont pignon sur rue en métropole et dans les départements d’Outre-mer, mais aussi en ligne. Le prix conseillé est de 25 euros. « La cible privilégiée, ce sont les jeunes, souligne Jean-Michel Carle. Cet autotest peut s’utiliser après un rapport sexuel à risque (NDLR : il faut alors attendre trois mois), mais il va surtout avoir une portée préventive. L’idée est de se tester en amont, afin de ne pas contracter le virus du sida et arrêter la propagation du VIH. »

Camille Spire, présidente d’Aides (association de lutte contre le VIH et les hépatites virales), attend d’obtenir des données sur ces autotests pour se prononcer. « En 2014, les autotests salivaires avaient été mis de côté car ils n’étaient pas assez efficaces, indique-t-elle. J’imagine que cela a été amélioré, sinon ils ne pourraient pas être mis sur le marché. Le prix, environ 25 euros, est similaire aux autres autotests disponibles. Sachant que l’on peut aussi se faire dépister gratuitement. Dans les centres notamment, et le dispositif « au labo sans ordo », expérimenté pendant deux ans à Paris, est actuellement généralisé. Cela permet à n’importe qui de se faire tester pour le VIH gratuitement dans un laboratoire sans prescription médicale. Mais la complémentarité des offres est une bonne chose. »

Bastien Vibert, responsable des programmes VIH et sida du Centre régional d’information et de prévention du sida et pour la santé des jeunes en Île-de-France (Crips), partage son avis. « Le dépistage est une grande priorité, insiste-t-il. Plus de 25 % des contaminations sont découvertes à un stade avancé, plus de 3-4 ans après. Cela signifie du retard dans la mise en place des traitements. On a besoin de dépistage plus régulier et plus précoce. Les autotests salivaires et sanguins font partie des modalités existantes, plus il y en aura et mieux ce sera. Le plus important, c’est de se faire dépister. »

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