Le groupe d’ophtalmologie a été cédé en Bourse par Novartis. De nouveau libre de ses choix, le laboratoire mise sur la R&D et planche notamment sur des cristallins multifocaux qui permettent de ne plus porter de verres correcteurs après une opération de la cataracte.

Rattraper le retard. Grand spécialiste des produits ophtalmologiques, Alcon tâche d’effacer son passage dans le giron de Novartis en rétablissant ses efforts R & D  depuis son spin-off en avril dernier .

Racheté en 2011 à Nestlé pour fournir au groupe suisse une diversification (au moment où ce dernier accusait la perte des brevets protégeant plusieurs de ses médicaments vedette) , Alcon n’a pas bénéficié d’une attention suffisante à l’époque.

Effort R&D

« Dans notre domaine, l’innovation est plutôt incrémentale. Les produits ont un cycle de vie de trois à cinq ans. Seul un quart des lancements de nouveaux produits correspondent à des innovations de rupture. Or, pendant que nous étions à l’intérieur de Novartis, nous n’avons pas assez renouvelé notre portefeuille », regrette David Endicott, président d’Alcon, à l’occasion du congrès de l’European Society of Cataract and Refractiv Surgeons qui s’est tenu mi-septembre à Paris.

Cela fait déjà trois ans qu’Alcon tâche de se remettre à niveau. « Mais il nous faudra encore deux ans pour y parvenir », précise le dirigeant. Pour cela, le groupe compte sur la recherche, dans laquelle il a investi quelque 600 millions de dollars en 2018, sur un chiffre d’affaires de 7 milliards. « Cela devrait nous conférer un rythme d’innovation plus soutenu que nos concurrents (Zeiss, Cooper Vision, J & J, Bausch & Lomb] qui investissent moins et nous permettre de redevenir numéro un mondial », espère David Endicott.

Collyres et cataractes

Déjà en tête dans le domaine de la chirurgie (équipements, produits consommables et implantables) avec des ventes de 4 milliards, Alcon n’est qu’en seconde position derrière J & J pour les lentilles de contact avec des ventes de 3,1 milliards de dollars – collyres inclus.

Le marché de l’ophtalmologie (24 milliards de dollars de chiffre d’affaires en 2018) jouit d’excellentes perspectives, avec une croissance attendue de l’ordre de 5 % par an ces prochaines années. Dans les marchés émergents, il y a d’importants besoins encore non satisfaits, et solvables grâce aux versions moins coûteuses spécialement adaptées à leurs spécificités, pour l’opération de la cataracte ou la correction de la myopie par exemple.

Dans les pays développés, la demande est portée par le vieillissement de la population et un niveau d’exigence sans cesse croissant. Il y a encore de la place pour des améliorations et de nouveaux produits comme les cristallins multifocaux qui permettent, par exemple, de ne plus porter de verres correcteurs après une opération de la cataracte, estime l’entreprise.

Le groupe doit aussi sortir du rouge, car il supporte encore le poids de sa restructuration à laquelle s’ajoutent, cette année, les dépenses liées au spin-off. Au premier semestre, le laboratoire affichait une marge opérationnelle négative (-2,8 %) et un chiffre d’affaires de 3,64 milliards de dollars, en très légère hausse.

Source : Les Echos