L’homologation par la FDA des cages cervicales Squale produites par sa filiale OSD, à Avignon, ouvrent au groupe girondin Implanet de nouvelles portes sur le marché américain du traitement des pathologies de la colonne vertébrale
Ce mardi 11 avril, la FDA (Food and Drug Administration), qui détient les clés du marché américain, a annoncé l’homologation de Squale, la gamme de cages cervicales antérieures développées par OSD, filiale du groupe girondin Implanet, à Martillac. Spécialiste de la correction des scolioses sévères, avec sa gamme d’implants à tresses Jazz, qui évite d’avoir recours à la fusion des vertèbres pour stabiliser la colonne vertébrale, Implanet distribue également du matériel médical de haute technologie. Le groupe s’est ouvert de nouveaux segments de marchés avec l’acquisition en mai 2021 de la société OSD (Orthopaedic & spine development), à Avignon, qui affichait trois millions d’euros de chiffre d’affaires en 2020.
Avec Squale cette dernière propose un système de cage cervicale antérieure, qui consiste schématiquement à placer des pièces biocompatibles entre les vertèbres pour rétablir la hauteur perdue à cause de l’usure des cartilages. La direction d’Implanet précise que plus de 15.000 de ces cages de la gamme Squale ont déjà été posées dans le monde.
Etats-Unis : un marché incontournable
Ce feu vert de la FDA est le second enregistré par Implanet et OSD depuis l’an dernier puisque des opérations chirurgicales ont déjà été réalisées avec succès outre-Atlantique en 2022 avec la plaque cervicale Origin. Implanet s’est implanté à Boston et joue une grande partie de son avenir aux Etats-Unis, qui est le premier marché mondial pour les pathologies rachidiennes.
« Les équipes commerciales d’Implanet America devraient être en mesure de lancer la commercialisation de cette gamme de cages cervicales antérieures avant l’été 2023. Il s’agit d’une nouvelle étape structurante pour notre plan de développement aux Etats-Unis, visant notamment à conforter notre offre dans le domaine de la chirurgie rachidienne sur un marché estimé à 1,35 milliard de dollars », se réjouit Ludovic Lastennet, directeur général d’Implanet.
L’apport positif de l’intégration d’OSD dans le groupe
La situation du groupe girondin n’en est pas pour autant plus florissante à court terme, comme l’attestent les résultats publiés par le groupe le 7 mars dernier. Parti sur une trajectoire de chiffre d’affaires à +37 % au cours des trois premiers trimestres 2022, Implanet a fini l’année avec une hausse de ses ventes calée à +31 %, à huit millions d’euros. Soit une petite perte de vitesse, qui a ramené la croissance du chiffre d’affaires d’Implanet à +25 % au quatrième trimestre 2022.
La direction du groupe girondin souligne que cette croissance soutenue du chiffre d’affaires est à la fois portée par les ventes d’implants de la gamme Jazz et l’effet d’acquisition d’OSD, qui représente un apport d’activité de 2,89 millions d’euros sur l’ensemble de l’année 2022. La hausse du chiffre d’affaires entre les deux exercices 2021-2022 (à +1,88 million d’euros) a été suffisamment forte pour éteindre l’effet négatif de la progression de +647.000 euros du coût des ventes, permettant au final une petite remontée du taux de marge brute du groupe, à 61,8 % du chiffre d’affaires.
Une gestion extrémophile uniquement possible grâce à la bourse
La chance d’Implanet est d’être coté en bourse. Seul marché qui permet à des sociétés lourdement handicapées par leur stratégie innovante de continuer à respirer là où il n’y a plus d’air. Car même les structures d’aide à l’innovation, les banques publiques et les fonds d’investissement ont leurs limites. Ainsi entre 2012 et 2022, Implanet n’a pas clôturé un seul exercice dans le vert et cumulé 59,1 millions d’euros de pertes (1) ! Enregistrant avec la régularité d’une horloge un déficit annuel moyen de 5,3 millions d’euros. Dans le même temps, Implanet a été en mesure de lever plus de 14 millions d’euros lors de son entrée en bourse en 2013 puis à nouveau 11,2 millions d’euros en 2015 mais aussi de s’ouvrir des lignes de crédit obligataire (4 millions d’euros), sans compter la levée de fonds de 5 millions d’euros amorcée fin 2022 avec le groupe chinois Shanghaï Sanyou Medical ni toute une série d’opérations financières purement boursières reposant par exemple sur l’émission d’actions à souscription d’actions ou d’obligations convertibles en actions à bonds de souscription. Des leviers de financement atypiques bien connus dans le monde boursier et dont le groupe landais Europlasma est sans doute un recordman.
Explosion des vente dans le reste du monde
La hausse des coûts d’exploitation d’Implanet en 2022 a été en grande partie alimentée par les dépenses opérationnelles de la filiale OSD. Mais aussi par des investissements réalisés « dans le but de sécuriser le renouvellement de ses marquages et autorisations de commercialisation de ses implants sous le nouveau règlement européen Medical device regulation (MDR) ». Territorialement, la croissance du chiffre d’affaires a été de +23 % en France (3,33 millions d’euros) et de +16 % aux Etats-Unis (1,67 million d’euros).
« Dans le reste du monde, l’activité export a été multipliée par 1,5 pour passer de 1,95 million d’euros en 2021 à 2,94 millions en 2022 », relève le groupe.
A -3,87 millions d’euros la perte opérationnelle d’Implanet se réduit de 15 %, tandis qu’au contraire le résultat net continue à creuser son déficit, à -3,54 millions d’euros : soit +15 % sur un an.
Pour espérer redécoller une nouvelle fois en 2023, Implanet, qui s’est retrouvé avec des liquidités sous forte tension fin 2022 a décidé de s’allier avec le groupe chinois Shanghaï Sanyou Medical. Qui lui apporte de nouveaux financements, pour un total prévu de cinq millions d’euros, et promet d’ouvrir au groupe girondin le marché chinois. Tout en entrant au capital de ce dernier.
Source : La Tribune