Mal connu et parfois redouté, ce prélèvement de cellules sauve des vies. Malgré les idées reçues, il n’est pas risqué.
Quoi ? Donner sa… moelle épinière ? Eh bien non, malgré le préjugé numéro 1, la moelle osseuse n’a rien à voir avec la moelle épinière. « Cette confusion qui fait peur est un frein pour beaucoup de donneurs potentiels », regrette l’Agence de la biomédecine, qui lance aujourd’hui une semaine de mobilisation. Objectif : recruter 18 000 nouveaux profils.
A quoi ça sert ?
« La moelle osseuse est un tissu qui se trouve au cœur des os. Il permet de fabriquer les globules rouges qui transportent l’oxygène, les globules blancs qui protègent le système immunitaire et les plaquettes qui permettent la coagulation », décrypte pour l’agence la docteur Evelyne Marry. C’est dire l’importance d’une greffe de cette moelle pour traiter les maladies du sang, comme les leucémies, mais aussi les lymphomes ou les myélomes (des cancers). « C’est simple, résume le professeur Jacques-Olivier Bay, greffeur au CHU de Clermont-Ferrand, pour certains patients, c’est la seule alternative thérapeutique. » En clair, elle peut sauver des vies.
Qui peut la donner ?
Les personnes entre 18 et 50 ans peuvent prendre contact avec un centre* pour une inscription sur les registres de don. Il faut être en parfaite santé et ne pas prendre de médicament de manière habituelle pour être donneur. Un rendez-vous médical et une prise de sang seront réalisés. Si toutes les inscriptions sont les bienvenues, les hommes jeunes sont particulièrement recherchés. Déjà, pour rééquilibrer les fichiers (67 % des inscrits sont des femmes !). Mais aussi, reprend le professeur Jacques-Olivier Bay, parce que « les chances de succès de la greffe sont plus élevées avec un donneur masculin. Leur moelle osseuse n’est pas exposée aux anticorps que la femme développe lors d’une grossesse ».
Comme il existe une chance sur un million de trouver un donneur compatible (hors fratrie), plus ces derniers sont nombreux, plus les chances se multiplient. « Nous avons ainsi besoin de gens issus de la diversité. Particulièrement des métisses et des profils africains, mais aussi asiatiques », note le docteur Marry.
Comment se passe le don ?
Dans 75 % des cas, la technique utilisée est la cytaphérèse. Comprendre : un prélèvement dans le sang, un peu à la manière d’un don de plaquettes. Cela dure trois à quatre heures. Dans les quarante-huit à soixante-douze heures, une greffe des cellules prélevées sera pratiquée chez le patient grâce à une injection. Les cellules s’implantent alors dans les os du malade et reconstituent une moelle osseuse saine.
A Clermont, le professeur Bay en pratique environ cinquante par an, chez l’adulte comme chez l’enfant. Pour les 25 % restant, cela passe par un acte chirurgical « simple ». Le prélèvement se fait au niveau de l’os du bassin. L’hospitalisation dure quarante-huit heures.
Ça fait mal ?
Malgré les idées reçues, ce don n’est pas risqué. Il est juste un peu plus contraignant qu’un don du sang (tests, injections préparatoires, prélèvements).
« La douleur ressentie est l’équivalent d’une barre dans le dos comme lorsqu’on porte des cartons », rassure le docteur Marry.
Dois-je être patient ?
Oui ! La compatibilité étant très faible, il se passe en moyenne huit ans entre l’inscription et le don.
Tous les centres et infos sur www.dondemoelleosseuse.fr
Source : Le Parisien