La start-up V4Cure développe un traitement pour les pathologies cardio-rénales via une toxine présente dans le venin du serpent mamba. Elle s’appuie sur un brevet du CEA et vise une mise sur le marché en 2030.

Le serpent africain mamba pourrait-il aider à guérir de certaines pathologies cardio-rénales? C’est l’ambition de la start-up V4Cure, créée début mars 2023 et qui cherche à intégrer l’incubateur Paris Biotech Santé.

«Il y a des molécules très puissantes dans les venins de serpents qui peuvent être dangereuses, mais d’autres ont un intérêt si on les modifie pour en faire des médicaments», résume Sonia Escaich, dirigeante de la jeune entreprise présente lors du salon Hello Tomorrow organisé à Paris les 9 et 10 mars. Son objectif: parvenir à une mise sur le marché en 2030.

La start-up met à profit un brevet du CEA, issu de dix années de travaux de recherches. Le traitement vise en particulier deux pathologies, l’hyponatrémie (manque de sodium dans le sang) et la polykystose rénale (présence de kystes dans les reins). Au cœur du futur traitement: le peptide V4C-232, présente dans le venin du mamba vert. «Je l’ai découverte en criblant une cible thérapeutique, c’est-à-dire un récepteur associé à une pathologie, détaille Nicolas Gilles, chercheur au CEA et spécialiste des venins de serpents. Une fois identifié un récepteur, je crible des venins pour trouver une molécule qui agit sur ce récepteur, c’est ce qu’on appelle le bioguidage. L’objectif est ensuite de l’améliorer pour en faire un vrai candidat thérapeutique.»

Les venins, de si bons candidats aux médicaments

Ces deux pathologies susceptibles d’entraîner de graves complications sont jusque-là incurables. V4Cure assure que son traitement injectable adressera un marché évalué à environ 1 milliard d’euros. Si le CEA a validé des études précliniques démontrant l’efficacité du peptide V4C-232, la start-up compte investir 8 millions d’euros au cours des deux prochaines années pour financer la première phase d’essais cliniques.

«Mais un montant de 20 millions d’euros sera nécessaire pour parvenir à mener des essais cliniques chez l’humain», chiffre Sonia Escaich.

La start-up mise sur une production synthétique du peptide V4C-232 via un sous-traitant, puis sur une fabrication de son traitement par un grand groupe pharmaceutique. L’utilisation de venins d’animaux pour concevoir un traitement n’est pas une première dans le monde pharmaceutique. C’est le cas notamment du Byetta, utilisé dans le traitement du diabète de type 2, dont la molécule active provient de la salive du varan. Quant au Prialt, employé dans le traitement des douleurs chroniques réfractaires, il tire son origine du cône marin, un gastéropode. Le traitement de V4Cure pourrait s’inscrire dans cette lignée. On comprend mieux pourquoi le serpent, présent sur l’emblème des pharmacies, est le symbole de la guérison…

Source: Usine Nouvelle