La startup bordelaise, qui vient de lever 1,5 million d’euros auprès de plusieurs investisseurs menés par Medevice Capital, déploie son logiciel breveté de guidage par imagerie des traitements des cancers du foie et des tumeurs du cerveau. Grâce au savoir-faire de l’IHU Liryc en matière d’imagerie par résonance magnétique, Certis Therapeutics entend faire évoluer drastiquement le rapport bénéfices-risques de ces opérations de thermo-ablation peu invasives. Explications avec son cofondateur Stéphane Chemouny.

Depuis plusieurs années, les interventions peu-invasives et la chirurgie ambulatoire sont devenues la norme pour les opérations de traitement précoce des cancers, tumeurs et certaines pathologies cardiaques et neurologiques. Les opérations de chirurgie lourde devenant peu à peu l’exception. Des progrès, tant pour le bien-être du patient que pour l’économie du système de santé, réalisés grâce aux thermo-thérapies. Ces traitements qui utilisent la chaleur pour brûler les tissus concernés associent une source d’énergie (radiofréquence, micro-ondes, laser, ultrasons, etc.) à un contrôle visuel fondé sur une échographie ou un scanner.

« Dans 98 % des cas, l’enjeu est d’arriver à visualiser la cible à détruire et l’instrument et c’est un aspect plutôt bien géré aujourd’hui. Mais ce qu’on ne sait pas faire c’est visualiser l’opération en direct pour savoir ce qu’on est en train de brûler et à quelle température », explique à La Tribune Stéphane Chemouny, le cofondateur et dirigeant de Certis Therapeutics. « Pour donner une image parlante, cela revient à cuire un steak à l’aveugle et ça entraîne nécessairement des erreurs, soit on brûle trop, soit pas suffisamment. »

Un logiciel protégé par quatre brevets

C’est pour surmonter cette difficulté qu’est née fin 2019 cette startup spin-off de l’IHU Lyric (l’Institut hospitalo-universitaire de rythmologie et modélisation cardiaque), cofondée par deux chercheurs de l’IHU et du CNRS spécialistes de l’imagerie interventionnelle – Bruno Quesson et Valéry Ozenne – et Stéphane Chemouny, ancien fondateur de la startup Intrasens. Soutenue par la Satt Aquitaine Science Transfert et de nombreux partenaires locaux et déjà lauréates de plusieurs prix, Certis Therapeutics propose une solution permettant de suivre en direct le déroulement d’une opération de thermo-ablation.

« Notre logiciel, qui est compatible avec 90 % des IRM (imageries par résonance magnétique) du marché, permet de visualiser en temps réel la chaleur et la chaleur accumulée dans les tissus pour savoir précisément ce qu’on a brûlé et ce qui reste à brûler sans aller trop loin. Le chirurgien peut ainsi ajuster, repositionner ou stopper l’intervention si nécessaire », développe Stéphane Chemouny.

Concrètement, Certis Therapeutics commercialise un logiciel protégé par quatre brevets qui traduit les signaux de l’IRM en signaux de chaleur en les superposant à l’anatomie du patient. « Cela permet de diminuer les risques de la thermo-ablation et donc de traiter davantage de patients qui sont aujourd’hui plutôt orientés vers la chirurgie classique ou des traitements médicamenteux, deux options très lourdes. Nous voulons faire évoluer drastiquement le rapport bénéfices-risques de la thermo-ablation », assure le cofondateur.

1,5 million d’euros levés

Une ambition qui a séduit un groupe d’investisseurs mené par le fonds Medevice Capital, spécialisé dans le secteur de la santé, avec les fonds Naco (Nouvelle-Aquitaine co-investissement, fonds régional conseillé par Aquiti Gestion), GSO Innovation et Crédit Agricole Aquitaine Expansion (deux fonds régionaux de Crédit Agricole). Au total, l’augmentation de capital s’élève à 1,5 million d’euros. « Nous avons été séduits par l’équipe et le potentiel de Certis Therapeutics dont la technologie de rupture pour les thermo-ablations peut s’adresser à de multiples applications », souligne ainsi Cécile Real, la présidente de Medevice Capital.

De quoi donner à la startup les premiers moyens de ses ambitions sur un marché mondial de la thermo-ablation évalué entre 4 et 5 milliards d’euros annuels et largement dominé par les grands comptes du secteur médical (Medtronic, Johnshon & Johnson, GE Healthcare, etc.) et une poignée d’entreprises nord-américaines et israélienne. « Les gains réels proposés par ces entreprises ne sont pas toujours évidents et souvent ciblés sur une pathologie particulière. De notre côté, nous sommes convaincus de pouvoir faire une différence très significative et nous allons le démontrer par des études scientifiques. Nous nous positionnons là où on a besoin de nous puisque nous pouvons cibler un très grand nombre de pathologies », analyse Stéphane Chemouny.

En savoir plus : La Tribune