La start-up a mis au point un procédé innovant d’extraction de chitosan, une molécule très utile dans la santé mais peu produite en Europe. Elle construit une usine pour l’été 2022 sur l’ancien site de production de gaz naturel qui cherche à faciliter l’installation de nouvelles industries, à la lisière du terrain labellisé « clés en main » par le gouvernement.

A côté de la chimie du gaz, bientôt celle du vivant. L’usine construite par Alpha Chitin à Lacq dans les Pyrénées Atlantiques sera bien différente de celles qui l’entourent. La toute jeune entreprise a mis au point un procédé très innovant pour produire le chitosan , cette molécule naturelle très utilisée pour la production de vaccins, de certains implants médicaux ou pour la cosmétique.

« Il y a un enjeu mondial sur cette molécule à la fois en termes de quantité et de qualité car la Chine a réduit ses exportations », souligne Philippe Crochard, cofondateur d’Alpha Chitin. La jeune pousse qui se veut « un pied dans l’agriculture et un autre dans la chimie », a mis au point un procédé d’extraction de la chitosan à partir des carapaces de krill (minuscules crevettes), d’une larve d’insectes élevée à cette fin et d’un mycélium (champignon) spécifiquement développé.

Deux bonnes fées

Alpha Chitin a eu deux bonnes fées au-dessus de son berceau. D’abord l’Etat qui, dans le cadre du plan de relance , lui a assuré une enveloppe de 925.000 euros pour doper sa R & D. « Cela nous a permis d’accélérer notre développement industriel. Nous allons gagner un an et demi », assure Philippe Crochard. Elle a ensuite été repérée par Total Développement Régional (TDR) qui prospecte pour trouver des entreprises susceptibles de s’installer à Lacq.

L’offre est tombée à point nommé pour Alpha Chitin qui avait des difficultés pour implanter sa future activité industrielle en Isère. Tout l’inverse sur le site de Lacq.

« Nous avons ressenti une réelle envie de voir s’implanter une activité novatrice comme la nôtre et notamment de la part des collectivités locales à commencer par la région Nouvelle-Aquitaine », glisse Philippe Crochard.

150 emplois dans 4 ans

Alpha Chitin s’est installé à Lacq avant même que les deux principales zones, Induslacq et Chem’Pôle 64, soient retenues « sites clés en main » par le gouvernement en 2020 pour accélérer les implantations des premières usines. Le foncier choisi par l’entreprise appartient à la communauté de communes de Lacq-Orthez (CCLO) et non à Total, il n’est donc pas à proprement parler dans le périmètre labellisé. Mais ici les frontières sont minces. Alpha Chitin utilise d’ailleurs des services apportés par Sobegie, la filiale de Total : eau déminéralisée, traitement des déchets, gaz… Autant d’atouts qu’elle ne trouvait pas en Isère.

Avant même son installation les choses ont été prises en main par la CCLO. Le dossier réglementaire a été bouclé en à peine un an. « Nous avons d’excellentes relations avec la direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal) et sommes très habitués à gérer ces dossiers en amont afin qu’une fois déposés, ils soient traités rapidement », assure-t-on à la CCLO. L’usine de 2.500 mètres carrés devrait être terminée d’ici l’été prochain au terme d’un investissement de 14 millions d’euros. Une vingtaine d’emplois seront créés mais l’objectif est de monter à 150 d’ici quatre ans.

Source : Les Echos